La Confrérie

LA VITICULTURE NAMUROISE ET LA CONFRÉRIE DE L'ORDRE DE SAINT-VINCENT

En créant la Confrérie de l'Ordre de Saint-Vincent, ses fondateurs se sont efforcés de faire revivre le souvenir du passé viticole de la Commune de Jambes.

En fait, l'histoire locale nous rapporte que les Masuis Jambois cultivaient par ordre d'importance, la vigne, le houblon et le tabac.

Le vignoble, pour lequel il n'existe malheureusement que peu de renseignements, s'étendait sur plusieurs hectares des versants de la colline située à l'emplacement des installations actuelles des Soeurs de Sainte-Marie, le long de la chaussée de Liège, pour remonter vers la Commune d'Erpent.

Tout cet endroit portait de nom de "vigneroule". C'est d'ailleurs la raison pour laquelle le vignoble de la Confrérie, qui n'occupe cependant qu'une modeste parcelle de 12 ares à cet endroit, porte encore aujourd'hui le nom de \91Clos de Vigneroule".

Le seul renseignement que l'histoire nous ait légué réside dans le fait qu'en l'année  1848, il y a donc 146 ans, la superficie du vignoble Jambois était encore de 22 ares.

Si l'on en croit les échos du passé, le cépage qui y était cultivé n'était autre qu'une variété du Pinot noir de Bourgogne ; le Pinot noirien qui donnait, tout comme dans la région de Huy, un petit vin légèrement aigrelet en mauvaise année mais d'un bouquet délicat très agréable en année normale. D'autres cépages tels que Pinot Blanc et Petit Chasselas garnissaient le vignoble jambois.

A cette époque, que l'on pourrait situer aux environs des années 980 à 1 200, les territoires situés sur la rive gauche de la Meuse tombaient sous l'autorité du Comte de Namur, à l'exception cependant du Buley et de la Paroisse Notre-Dame, ainsi que de la rive droite, dont notamment Jambes, qui faisait partie de la Mense (revenu) du Prince Evêque de Liège. Ce dernier bénificiait également du droit d'avoir en permanence un pêcheur sur la Sambre et la Meuse. Le vignoble de Saint-Martin en Buley, d'une superficie de 8 bonniers (soit 1 hectares environ) s'étendait sur tout le versant du Champeau côté Meuse, depuis le Château de Namur jusqu'au début de "La Plante".

La haute qualité des vins produits à cet endroit explique le fait que le "Stordoir" était resté propriété du Prince Evêque de Liège.

C'est ainsi que les Masuis Jambois étaient dans l'obligation de faire rouler leurs vignes (raisins) jusqu'au stordoir en traversant le pont de Jambes et en s'acquittant d'une certaine redevance.De là, l'expression "Vigneroule".

Cette opération n'était certes pas désagréable, mais comme il fallait que "le droit de chacun soit respecté" il était de coutume que le Maîeur et les Echevins de Jambes traversent la Meuse de façon à surveiller et contrôler les opérations de pressurage du raisin. Cette permanence ne manquait cependant pas d'ouvrir les appétits, ce qui donnait l'occasion aux gens de Saint-Martin en Bûley d'offrir à leurs hôtes jambois un souper aux chandelles, dont le menu se composait de pain offert par les chanoines de Notre-Dame, et de poisson de Meuse ramené par le pêcheur du Prince Evêque, le tout arrosé d'un vin local.

Cette habitude semble s'être perdue vers les années 1275, à l'époque de la Guerre de la Vache. Mais depuis 1976, les Compagnons de Buley, et ceux de l'Ordre de Saint-Vincent de Jambes, font revivre cette tradition combien sympathique dans une ambiance empreinte de joie et de fraternité, même si le menu est légèrement différent de celui choisi à l'origine. Toutefois, les bougies allumées sont présentes sur les tables malgré quelques luminaires électriques, qui pour la circonstance, ne figurent qu'à titre d'éléments de secours.

Il est permis de croire que la vigne prit une grande extension dans la région de Namur. On signale notamment la présence de vignobles à Profondevile, Wépion et dans les trieux de Dave.

L'année 1671 semble bien marquer le commencement du déclin de la viticulture namuroise, dont les revenus diminuent régulièrement. Si les recettes des rentes de Buley, dûes au Souverain étaient encore importantes à cette époque, on peut dire avec certitude que pour la fin du XVIIIe siècle, elles étaient devenues presque insignifiantes.
Selon les statistiques du département de Sambre et Meuse, la superficie des vignobles n'était plus que de trois hectares pour toute la province de Namur.